lundi 5 décembre 2011

Damnation - Béla Tarr

On n'en sort pas indemne devant la beauté du désespoir de ce film... Un film où les images parlent plus que les dialogues, les mots n'ont qu'à bien se tenir! Objection! Certains plans-monologues peuvent durer jusqu'à 2 minutes, et ceci est la spécificité de Béla Tarr...
Je vous propose, ci-dessous, un extrait.


Ce que j'ai lu, ce matin: "Il fit les cent pas en barbotant dans la boue, se complaisant à ce bruit, considérant avec application la peur, le doute, l'ignorance, la pauvreté, la décadence et la mort." Et j'ai pensé à la fin du Damnation, le film de Bela Tarr (extrait, ci-dessus). 

Mais dans le roman d'Onetti, Le Chantier, la décadence ne faisait que commencer!

vendredi 2 décembre 2011

Exclusivement pour Vous...

En prenant la route, on peut lire ici et là: Bouygues ou EDF (ou n'importe quelle entreprise) Travaille pour Vous...
En zappant à la télé, on peut deviner ici et là, BHL ou ATTALI (ou n'importe quel intélligent de l'Intelligentia) Réfléchis pour Vous.
Et TF1 ou M6 (ou n'importe quelle autre chaine) S'exprime pour Vous...
Finalement, Par ce texte, je voudrais qu'on lise: Je ou Moi (et pas n'importe qui des Pouet-Pouet) Ironise pour Vous...

Une phrase de Jean-Claude Michéa: "L'homme Attalien: un homme qui consomme sa vie entre deux aéroports qui a comme seule partie un ordinateur portable!"








jeudi 1 décembre 2011

La pluie et le beau temps [Jacques Prévert]

Je vous propose la lecture d'un texte de Prévert lu de son recueil "La pluie et le beau temps". J'accompagne ce texte d'une petite vidéo du Poète à propos de ce recueil.



CONFESSION PUBLIQUE
(Loto critique)

Nous avons tout mélangé
c'est un fait
Nous avons profité du jour de la Pentecôte pour accrocher
les oeufs de Pâques de la Saint-Berthélemy dans l'arbre
de Noël du Quatorze Juillet
Cela a fait mauvais effet
Les oeufs étaient trop rouges
La colombe s'est sauvée
Nous avons tout mélangé
c'est un fait
Les jours avec les années les désirs avec les regrets et le
lait avec le café
Dans le mois de Marie paraît-il le plus beau nous avons
placé le Vendredi treize et le Grand Dimanche des
Chameaux le jour de la mort de Louis XVI l'année
terrible l'Heure du berger et cinq minutes d'arrêt buffet
Et nous avons ajouté sans rime ni raison sans ruines ni
maisons sans usines et sans prisons la grande semaine
des quarante heures et celle des quatre jeudis
Et une minutes de vacarme
s'il vous plaît
Une minute de cris de joie de chansons de rires et de
bruits et de longues nuits pour dormir en hiver avec
des heures supplémentaires pour rêver qu'on est en
été et de longs jours pour faire l'amour et des rivières
pour nous baigner de grands soleils pour nous sécher
Nous avons perdu notre temps
c'est un fait
mais c'était un si mauvais temps
Nous avons avancé la pendule
nous avons arraché les feuilles mortes du calendrier
Mais nous n'avons pas sonné au portes
c'est un fait
Nous avons seulement glissé sur la rampe de l'escalier
Nous avons parlé de jardins suspendus
vous en étier déjà aux forteresses volantes
et vous allez plus vite pour raser une ville que le petit
barbier pour raser son village un dimanche matin
Ruines en vingt-quatre heures
le teinturier lui-même en meurt
Comment vous-vous qu'on prenne le deuil.

Août 1940, Jurançon.