vendredi 16 juillet 2010
Pour une Algérie meilleure...
Cela fait presque un demi-siècle qu’on clame notre indépendance mais pourtant suffit-il de sortir physiquement un colonisateur de son pays pour recouvrer sa liberté ? Surtout dans le cas particulier de l’Algérie qui a subit plusieurs colonisations successives et ininterrompues ?
Il y a trente ans, je n’étais même pas au stade de projet pour mes parents, des étudiants sont sortis crier, comme un écho des manifestations de mai 45. Le slogan était légèrement modifié ou bien réajusté ; ce n’était plus, en effet, Algérie Algérienne mais Algérie Amazigh. A l'époque, l’Algérie n’était plus française depuis 18 ans mais était-elle algérienne ? L’est-elle aujourd’hui ?
Quand je me laisse rêver d'une Algérie meilleure, comme l’a chanté Matoub, je pense à ce chemin qui mène à elle. Je me dis : « Comme elle a pris conscience de la dernière colonisation, elle doit prendre conscience des précédentes. C’est-à-dire, comme l’Algérie n’est pas française, elle ne peut être ni ottomane (ou turque), ni arabe, ni romaine, ni orientale, ni occidentale, etc. Ce jour là, elle criera Algérie Algérienne, C’est-à-dire Algérie Amazigh…» Mes pensées ne s’arrêtent pas là, je continue : «Une fois son identité extirpée des fins fonds de son histoire, l’Algérie, alors éclairée, remontera le fil des âges, pour s’accepter. C’est-à-dire, accepter les différentes origines qui ont été greffées à son peuple (Arabes, turques, espagnoles, françaises, etc.). C’est-à-dire, accepter l’influence des siècles sur sa langue initiale en acceptant et développant ses deux langues nationales (l’arabe Algérien et Tamazight). C’est-à-dire, accepter que certains épousent la religion de leurs ancêtres de l’époque romaine (Le christianisme), comme d’autres ont épousé celle de l’époque des ouvertures islamiques (l’islam). C’est-à-dire, accepter que le français soit un butin de guerre pour certain, comme peut être l’arabe classique pour d’autres.»
Mais la réalité finit par me rattraper quand la naissance du printemps est accompagnée d’une angoisse pavlovienne : Pendant que la nature, puisque j’en fais partie, me fait part de sa fête, l’histoire, avec son lot d’hommes, me rappelle la célèbre phrase de Camus : «Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose». A voir la réalité en face, je lis : «L’Algérien rappelle son Amazighité par réaction». Récemment, dans la gaité, c’était après le match de foot de qualification au mondial. Il y a quelques années, c’était après une provocation : l’assassinat du jeune Massinissa Guermah ; Tafsut Imazighen a alors eu, après Octobre 88, Juin 98, sa sœur jumelle Tafsut Taberkant. Et je me mets à penser : «Est-ce l’histoire qui se répète ou bien est-ce la bêtise humaine qui est immuable ?». En effet, à chaque conflit au sommet de l’état, au nom de son identité le pays est pris en otage.
Le 20 avril arrive et je voudrais dire aux jeunes kabyles, comme j’aurais aimé qu’on le dise à mon défunt ami Mhenni, il y a neuf ans : «Tamazight a besoin d’être parlée ; Elle a besoin d’être écrite ; Elle a besoin d’être lue ; Elle a besoin d’être transmise aux générations futures ; Elle a besoin de vous sur des bancs d’écoles ; Elle a besoin de vous instruits ; elle a besoin de vous Vivants.»
Texte publié à El Watan le 16 avril 2010.
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