Voir notre village depuis un col, depuis un sommet où il y a des saywas (1) de pierre et jouer à la quena, au charango (2) où à l'harmonica le huayno (3) du retour ! Voir notre village d'en haut, contempler sa tour blanche solide et massive, contempler le toit rouge des maisons sur les versants, sur la colline ou dans le vallon, les toits où brillent de larges bandes de chaux ; contempler dans le ciel au-dessus du village les buses et les éperviers noir en plein vol, parfois le condor qui déploie ses grandes ailes au vent ; entendre le chant des coqs et l'aboiement des chiens qui gardent les enclos. Et s'asseoir un moment là-haut pour chanter d'allégresse. Ça, les gens de la côte ne peuvent pas le faire.
Yawar fiesta (La fête du sang) par José Maria Arguedas; pp. 10.
(1) saywas : monticule magique de pierres.
(2) charango : petite guitare indienne au nombre de cordes variable.
(3) huayno: air quechua.
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