... (Ce livre) interroge les conceptions fondamentales des sociétés archaïques, qui, tout en connaissant elles aussi une certaine forme d' "histoire", s’évertuent à n'en pas tenir compte. Un trait nous a surtout frappé, en étudiant ces sociétés traditionnelles : c'est leur révolte contre le temps concret, historique, leur nostalgie d'un retour périodique au temps mythique des origines, au Grand Temps. Le sens et la fonction de ce que nous avons appelé "archétypes et répétition" ne se sont révélés à nous que lorsque nous avons saisi la volonté de ces sociétés de refuser le temps concret, leur hostilité à toute tentative d' "histoire" autonome, c'est-à-dire d'histoire sans régulation archétypale. Cette fin de non-recevoir, cette opposition ne sont pas simplement l'effet des tendances conservatrices des sociétés primitives, ainsi que le prouve ce livre. A notre avis, on est fondé à lire dans ces dépréciation de l'histoire, c'est-à-dire des événements sans modèle trans-historique, et dans ce rejet du temps profane, continu, une certaine valorisation métaphysique de l'existence humaine. Mais cette valorisation n'est en aucun cas, celle qu'essaient de donner certains courants philosophiques post-hégéliens, notamment le marxisme, l'historicisme et l'existentialisme, depuis la découverte de l' "homme historique", de l'homme qui est dans la mesure où il se fait lui-même au sein de l'histoire.
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