lundi 25 avril 2011

Mon sommeil du juste

Initialement, c'était une volonté d'écrire une fiche de lecture du roman "Le sommeil du juste" de Mammeri. Le temps a passé, ayant eu d'autres lectures du même sujet et ne voulant pas rester fidèle au texte de Mammeri, j'ai opté pour une fiche de lectures fictionnelle.

C'est aussi, un hommage à un ami, Taf-Taf ou Malgré-que ou Kodac, qui m'a donné l'envie de me plonger dans l'univers de Mammeri.

Je mettrai à jour ce poste au fur et à mesure de l'avancement de l'histoire.



Sous le poids de l’abeille, la rose courbe l’échine. Malgré-que, ou Kodac comme aime le surnommer Taf-Taf, l’a noté dans son bloc-notes qu’il ne relit jamais : "L’hiver est à l’automne de sa vie, la nature est en couple avec un soleil précocement printanier, la rose se dévoue déjà à l’abeille, Le pigeon bombe le torse devant sa femelle faussement indifférente et finalement, le parisien et la parisienne éparpillés à même le sol, souvent en petite tenue, font des économies sur leurs budgets Bronzage et Epilation". Notons que Kodac ne mentionne pas qu’il fait aussi partie de ce paysage accompagné de Taf-Taf, vous comprendrez plus tard pourquoi il s’appelle ainsi.

Devant Taf-Taf Kodac, malgré le fait qu’il est aussi un donneur de leçons en exile engagé pour changer sa société, est dans la position psychanalytique de l’enfant. C’est-à-dire, qu’il écoute Taf-Taf et attend de lui questions et réponses. Taf-Taf, quant à lui, n’aimant pas se dire intellectuel, disant qu’il est simplement un Misse-Tmurt-sans-option (ou un Zawali-Meskine) qui a cessé de lire les livres pour interroger la réalité. Une bonne journée pour lui est une journée riche en questionnements sans nécessité de réponses puisque le temps se charge toujours à inviter ces dernières ou à faire oublier les premiers. Pour Kodac, une bonne journée est une journée pleine de réponses à des questions qu’il ne se pose pas forcément.

Kodac est mal-à-l’aise devant Taf-Taf qui ne semble voir que la compagnie : peut- nuire-à-autrui et à-boire-avec-modération. Pensif, il ne rompt avec son inertie que pour changer de position ou pour ramener la bouteille ou la cigarette à sa bouche (son bec, j’aurais dit, si je voulais faire le virile. Oh Yeah! Temniyik al Khawa ! Coupé, Coupé, Our tsrabib ara, Mma trabebch l’histoire, Nique pas mon Histoire ya Zebbi ! Coupé ! Allez ! Réclame, page piblissiti ! ). Il suit chaque Djebda par un grommèlement incompréhensif. A quoi, Kodac, pour le sortir de son mutisme, réagit :
  • Amek ? Tu dis quoi ?
Taf-taf hoche de la tête et répond :
  • Awah, ulac a Sidi ! Non, rien du tout !
Comme il a rompu avec son équilibre, son geste et sa réponse lui ont parues exagérément perceptibles, alors qu’il n’en est rien. Pendant que Taf-Taf saisit l’horizon par le regard, celui de Kodac heurte sur son ami épiant un signe. Ce dernier, se rendant compte que toute attente est vaine, s’allume une clope, il s’ouvre une bière et inconsciemment, il adopte l’air pensif de son ami…

dimanche 17 avril 2011

Entretien avec Nacer Khemiri [Les baliseurs du Désert]

Cet entretien est tiré du DVD du film "Les Baliseurs du Désert".

J'ai regardé ce film aujourd'hui (Après l'avoir trouvé, par hasard, chez Gilbert). Et sans que cela soit un choix, il rejoint les lectures (et donc les interrogations et les réflexions) que j'ai actuellement sur le rapport d'une société poste-coloniale à sa culture après toutes les aliénation qu'elle (a) subi(es)(t).

L'origine de ces interrogations est l'impuissance que on peut éprouver devant ce qui arrive chez soi. Que faire? Il y a quelques mois, après une forte déception politique, j'aurais répondu par l'engagement Artistique. Mais on finit par se rendre compte que l'art (et en particulier l'écriture) ne change pas la condition quotidienne d'un peuple surtout quand celui-ci a faim. Puis, d'autres interrogation en découlent. Pourquoi écrire? Sur quoi écrire? Cet entretien propose des pistes de réponses.

J'ai envie de dire que Nacer Khemiri a raison. Mais, je me souviens de cette phrase "Quand quelqu'un te dit que tu as raison, comprend, dans la mesure de ton ego, qu'il est uniquement d'accord avec toi.". Juste pour dire qu'il faut toujours garder une part du doute.

J'en profite pour dire "de rien" à Ma-Soupe qui me confirme quelque part que la beauté n'a pas de frontière... et lui dire "Merci", à mon tour, pour cette intéressante découverte.

Extrait Colline Oubliée : Davda et Mennach


Je ne partage pas ce film "La colline oubliée", pour dire:
  • ... qu'il s'agit du premier film kabyle.
  • ... qu'il est réalisé en 1997 par Bouguermouh
  • ... qu'il est une adaptation du roman "Colline oubliée" de Mammeri.
Non, je ne partage pas ce film pour faire remarquer que l'oeuvre romanesque de Mammeri forme une sorte de quadrilogie avec les romans: La colline oubliée, Le sommeil du juste, L'opium et le bâton et La traversée.

Non, je ne partage pas ce film pour élucider la mort mystérieuse, pendant le tournage, de ces 6 personnes (techniciens, script, acteurs, si mes souvenir sont bons)...

C'est plutôt pour partager cette scène entre Davda et Mennach. Je rappelle que l'histoire se passe à la veille de la deuxième guerre mondiale dans un village paisible, Tasga. Davda est mariée au riche du village. Mennach est mobilisé, il s'apprête à partir à la guerre. Ils sont amoureux depuis leur première rencontre, le jour du mariage de Davda.

Ici, ils sont seul au chevet de leur amie commune, Âazzi, atteinte du typhoïde. Ils sont enfin ensemble pour la première fois... Tout ceci, en fait, c'est pour partager la manière dont ils évoquent leurs souffrances ou avouent leurs sentiments. "Ils t'ont attendu(e)" pour dire "Je t'ai attendu(e)", "Pourquoi m'ont-ils laissé souffrir..." pour dire "Pourquoi tu m'as laissé souffrir...", "Ils t'aiment" pour dire "Je t'aime". Le "Je" n'est jamais réuni avec le "Te"... Il y a de quoi faire une psychanalyse.



Dabda : A Mennac

Mennac : D acu?

Dabda : Ur tezmireḍ ara ad ternuḍ kra n wussan?

Mennac : Acuɣer? Dagi neɣ dinna , ɣer ɣur-naɣ kif kif.

Dabda : Ahya Mennac! Tettuḍ wid I k-iḥemmlen.

Mennac :Wid I y-iḥemmlen, ur ṭṭuqten ara.

Dabda : Llan a Mennac.

Mennac : Ihi ttun ur yi-t-id-nnin ara.

Dabda : D ṣṣaḥ, ur k-t-id-nnin ara, maɛna ɣillen tḥulfaḍ.

Mennac : A wezzaf I ten-urǧaɣ. Almi ten-kerhaɣ d ayen.

Dabda: Amek? Tkerheḍ-ten! Wi k-yennan ulac uḍan deg-I k-kerhen. Kerhen-k imi k-urǧan r d-tsiḍ ara.

Mennac : D tidet rǧan maɛna deg uḍan deg-I ḥṣan ur d-ttaseɣ ara, deg wuḍan I sɛeddayaɣ beṛṛa, weḥd-I, qqimeɣ deg ubrid. Wigad teqqareḍ uṛǧan, wukud uṛǧan? Wukud zhan? Wukud ḍsan?

Dabda: Llan d widak ur ḥemmlen ara. Llan ggunin tawwurt ma ad d-iḍil win ttṛajun.

Mennac : Ur yezmir ḥed ad iy-iḥbes ɣef win ḥemmlaɣ.

Dabda : D ṣṣaḥ, tesɛiḍ zzhar. Keč d argaz.

Mennac : Zzhar am wagi! Lliɣ am medden yak.

Dabda : Ahya a Mennac, tezriḍ lḥala n tmeṭṭut, di tmrt-nneɣ. Tesɛa lḥeqq ad tebded d wergaz neɣ ad temmeslay yid-s?

Mennac : Acuɣer ara yi-ǧǧen ssarameɣ? Acuɣer ara yi-ǧǧen uḍnaɣ?